Zones érogènes

La mode et les zones érogènes

Les zones érogènes sont les zones du corps qui éveillent le désir sexuel. Érogène a deux sens généraux.

  • La première se réfère aux organes génitaux ou aux seins, qui lorsqu'ils sont stimulés produisent des sensations agréables de leur propriétaire. L'expression «zones érogènes» a été inventée vers la fin du XIXe siècle et a été utilisée dans le début du XXe siècle par certains psychologues pour décrire la façon dont une pression simple de ces parties du corps pourraient susciter un orgasme complet pour ceux qui étaient définis comme "les hystériques"( ce qui se rapportait généralement aux femmes).
  • Le second sens général, qui nous intéresse dans le cadre de cet article, se réfère à un phénomène visuel associé à l'habillement et les parures du corps. Pour les anthropologues culturels, les zones érogènes sont les zones du corps féminin que les hommes trouvent sexuellement excitantes et que les femmes peuvent modifier ou embellir pour attirer les regards masculins.

Les zones érogènes varient d'une culture à l'autre et au fil du temps. Les hommes asiatiques sont attirés par la nuque alors que les Européens sont uniques dans leur intérêt pour les hanches. Au mépris du sens commun, les organes génitaux sont rarement des zones érogènes au sens où on l'entends dans cet article. La suggestion, est plus existante que l'exposition, donc l'exposition au désir masculin est déplacée de la vulve à des parties du corps comme la bouche ou le pied qui le symbolisent ou lui ressemblent. Les êtres humains augmentent cette ressemblance à travers la peinture du corps, le maquillage, les cosmétiques, les mutilations ou d'autres procédures. Les femmes occidentales maquillent leurs lèvres en rouge vif, en renforçant la ressemblance avec les lèvres vaginales. Les femmes aristocratiques chinoises ont confinés leurs pieds de façon à ce qu'ils soient de minuscules appendices qui ressembleraient davantage à la vulve. Toutes les sociétés ont modifié les zones érogènes pour les rendre plus belles ou proéminentes. Les polynésiens tatouaient les cuisses et les fesses des filles nubiles; les africains leurs faisaient des cicatrices. Les deux procédures ont été conçues pour exagérer les caractéristiques sexuelles secondaires, aidant ainsi à la jeune fille à attirer un partenaire. Les occidentaux n'ont pas échappé à cette tendance à la "nature parfaite". Au XIXe siècle, les corsets lacés serrés produisaient un renflement des hanches et des fesses qui rendaient les femmes plus «féminines» - c'est-à-dire érotiques.

Lorsqu'elles ne sont pas lacées, tenues, tendues, percées ou tatouées, les zones érogènes sont généralement dissimulées ou seulement partiellement exposées. Dans son étude, The Psychology of Clothes (1930), le psychanalyste JC Flugel observe que la chair nue est ennuyante. La curiosité des hommes est soutenue lorsque l'on voile la parti érotique, en la couvrant et en l'exposant en même temps. En Afrique et en Polynésie, la scarification et le tatouage effectuent cette fonction: les zones érogènes apparaissent couvertes, mais sont en réalité nues après un deuxième regard. En Occident, les vêtements exercent cette fonction, car elles masquent tout en attirant l'attention sur la zone érotique. Par exemple, les lourdes jupes dissimulent les jambes des femmes européennes depuis des siècles, alors qu'elles sont tout en couleurs et que les jupes décorées dirigent l'œil vers les pieds et les chevilles. Ce stratagème a si bien réussi que les hommes de l'époque victorienne sont devenus pusillanimes à la vue d'une cheville bien tournée. Puis, les jambes ont perdu leur attrait sexuel quand les ourlets ont augmenté après la Première Guerre mondiale. Les jambes de femmes ont été exposées pour la première fois depuis des siècles et la zone érogène déplacée ailleurs, à l'arrière dans les années 1930 et les seins dans les années 1950.

Les zones érogènes doivent être distinguées du fétichisme sexuel. Selon Freud, le fétichisme est un objet inapproprié (une chaussure par exemple) qui se substitue à une femme et est utilisé pour obtenir une gratification sexuelle. Une zone érogène est une partie du corps (un pied, par exemple), qui éveille la curiosité sexuelle et attire l'attention d'un homme pour le corps féminin tout entier. Le fétichisme est un trouble de la personnalité individuelle, alors que les zones érogènes, les préférences sexuelles sont partagées par la plupart des hommes à un moment ou un lieu donné. Les fétichistes appartiennent à la science de la psychopathologie alors que les zones érogènes appartiennent au monde social du costume et la mode.

Un historien de la mode, James Laver, a commencé par discuter du déplacement des zones érogènes dans les années 1930. Il a utilisé ce concept pour expliquer la mode ou les changements rapides des habits des femmes. Influencé par le psychanalyste Flügel, Laver a fait valoir que les femmes sont nées exhibitionnistes mais la subordination sociale les oblige à acquérir une protection masculine. Par conséquent, les femmes s'habillent principalement pour attirer les hommes, et pour ce faire, elles soulignent leurs zones érogènes par le biais de leurs vêtements. La curiosité sexuelle masculine est toutefois très instable. Les hommes se fatiguent rapidement d'une zone érogène donnée et passent à autres parties du corps féminin. Les femmes doivent suivre et adopter une nouvelle forme de garde-robe. L'instabilité de la curiosité sexuelle des hommes signifie que le vêtement féminin est dans un état constant de mouvement. Ce changement de mode et de ses préceptes sont directement liés au déplacement des zones érogènes.

Contrairement aux femmes, les hommes modernes ont échappé à la tyrannie de la mode. Au Moyen Age et au début de l'époque moderne, le costume masculin était opulent et très érotique, comme le témoigne la braguette de la Renaissance. Vers 1800, le costume masculin a changé: les hommes renonçent à l'exhibitionnisme et aux couleurs vives, les vêtements érotiques. Ce « grand renoncement du mâle», comme Flugel l'appelait, a produit le costume sobre et peu démonstratif, que deux cent ans plus tard, les hommes portent encore. Le costume masculin est imperméable à la mode car il n'est pas important pour afficher l'attitude sexuelle ou la séduction: il n'a pas à suivre le déplacement des zones érogènes.

Pendant cinquante ans, les historiens ont accepté cette version de l'histoire des vêtements et ont estimé que le déplacement des zones érogènes a alimenté la mode. Puis dans les années 1980, une nouvelle génération d'universitaires étudiant l'habillement (surtout des femmes) ont contesté l'ancienne théorie. Les historiens de l'art ont insisté sur le fait que le costume était une partie de la culture visuelle plus large et obéissait aux mêmes lois que la peinture ou l'architecture. Les féministes soulignent le sexisme qui sous-tend Flugel et les théories de Laver et font valoir que des femmes s'habillent autant pour plaire à elle-mêmes qu'aux hommes. Les historiens du costume ont observé que la mode produit toujours son opposé, m'antimode, et que les vêtements pour hommes, malgré les apparences, transmettent subtilement mais fortement des messages érotiques. Tous ces savants ont convenu que la sexualité n'était pas le principal motif des vêtements. Les jeunes chercheurs insistent que le fait que les gens s'habillent pour s'exprimer, pour projeter leur image de soi idéale, pour afficher leurs opinions politiques, pour signaler leur identité raciale et nationale, et pour s'affirmer dans leur position sociale. Dans l'histoire récente du costume, la sexualité en toujours liée à la forme du costume; les vêtements sont est trop proches de la peau de l'éviter. Mais la zone érogène ne dicte plus la mode, ni ne sert de seule explication à l'intérêt de l'homme pour la décoration, l'ornement, et la modification de son corps.


Définition

Une zone érogène (du grec eros - l'amour, et genein - produire) est une zone du corps humain qui a une sensibilité accrue, et dont la stimulation peut entraîner la production de sensations érotiques ou l'excitation sexuelle. Ces zones peuvent changer d'un individu à l'autre.